Le Dr Richard Béliveau, biologiste moléculaire à l’Université de Québec, commente avec humour l’évolution du fonctionnement cellulaire.
« La cellule actuelle est le résultat de l’évolution d’une cellule primitive apparue sur terre il y a 3,5 milliards d’années et qui ressemblait beaucoup plus à une bactérie qu’à notre cellule d’aujourd’hui. Au cours de cette longue période, cette cellule ancestrale a été soumise à d’énormes variations dans son environnement qui l’ont forcée à chercher sans cesse les modifications pouvant lui conférer les meilleures chances de survie. Cette grande faculté d’adaptation est due à sa capacité de modifier ses gènes, pour permettre la production de nouvelles protéines, plus efficaces pour faire face aux nouvelles difficultés : c’est ce que les scientifiques appellent « une mutation ». La faculté de faire muter leurs gènes qu’ont les cellules est une caractéristique essentielle de la vie sans laquelle nous n’aurions jamais vu le jour. »
Il y a environ 600 millions d’années les cellules ont pris une décision qui allait révolutionner la vie sur Terre : elles ont commencé à cohabiter pour former les premiers organismes contenant plusieurs cellules. Il s’agissait alors d’un changement radical car cette cohabitation impliquait que la survie de l’organisme prime sur celui des cellules individuelles. D’individualistes, les cellules sont devenues altruistes et ont renoncé à transformer leurs gènes et engager des mutations comme elles le désiraient auparavant. Cette évolution avait pour avantage de se répartir les tâches et de se spécialiser. Afin de parvenir à cette spécialisation, les cellules ont modifié leurs lois pour former de nouvelles sortes de protéines qui amélioreraient leurs performances. Cette faculté d’adaptation est à la base de l’évolution. »
Chez l’être humain, la spécialisation a atteint des sommets de complexité : une cellule de la peau n’a apparemment rien à voir avec une cellule du rein, et pourtant toutes les cellules du corps humain possèdent le même bagage génétique. Elles sont identiques, ont les mêmes gènes, mais elles n’utilisent pas toutes les mêmes pour accomplir leur fonction ; autrement dit, chaque cellule du corps humain utilise seulement les gènes qui sont compatibles avec sa fonction, on appelle ce phénomène « la différenciation cellulaire ».