Les polyphénols
En novembre 1991, le programme de télévision, 60 minutes, de CBS News, diffuse un reportage qui suggère que la consommation de vin rouge chez les français explique la moindre fréquence des maladies cardiaques en France. Et le reportage appelle ce phénomène : « le paradoxe français ». Il est aujourd’hui reconnu que les vins rouges contiennent des polyphénols, comme le resvératrol, la quercétine, les catéchines et autres. Tous ont de fortes activités anti-oxydantes, et interviennent y compris dans la prévention de la crise cardiaque, du cancer et des accidents vasculaires cérébraux. Les polyphénols sont les antioxydants les plus abondants dans notre alimentation et ils améliorent la santé à travers une variété de mécanismes d’activation des gènes. Certains polyphénols donnent leur couleur rouge aux vins rouges, le brun foncé au chocolat, le vert au thé vert. Raisins, pommes, oignons, soja, arachides, baies et de nombreux autres fruits et légumes sont riches en polyphénols. Le resvératrol, polyphénol hautement actif, que l’on trouve en forte concentration dans la peau des raisins rouges, joue désormais un rôle majeur dans les méthodes de gestion du vieillissement.
Le secret de ces ingrédients remonte à il y a quatre millions d’années, quand nos ancêtres ont été exposés à un stress sévère, suite à des changements environnementaux et climatiques importants. En retour et afin d’améliorer leurs chances de survie, certains gènes spécifiques ont alors été activés, dont ceux qui contrôlent le métabolisme des glucides, des protéines et celui des graisses. En période d’abondance, notre corps brûle d’abord les glucides alimentaires et emmagasine l’énergie sous forme de graisse ; alors que pendant les pénuries alimentaires, ces gènes mobilisent d’abord la graisse emmagasinée. Contemporaines de nos ancêtres, les plantes ont subi elles aussi les stress environnementaux, comme sécheresses, infections, parasites et agressions thermiques dues au soleil. Pour survivre, ces plantes stressées ont activé leurs propres gènes de survie, et fait produire des molécules naturelles qui augmentent leurs défenses cellulaires ainsi que leurs mécanismes de réparation. La molécule que l’on trouve dans la peau des raisins destinés à la production de vin rouge (resvératrol) est produite pour combattre les envahisseurs. Les souris de laboratoire qui ont consommé cette molécule végétale ont, elles aussi, bénéficié de cette même réponse au stress. Cela signifie que les plantes ingérées communiquent avec les cellules des organismes qui les ingèrent, elles utilisent le langage de la génétique moléculaire et provoquent l’activation des gènes de survie.