Les promesses de l’épigénétique

Le décryptage complet du génome humain a littéralement propulsé nos connaissances sur la génétique

et a conduit à la création de nouveaux termes se terminant par le suffixe « ome », qui signifie complet. Ainsi, le terme de génome désigne la totalité du matériel génétique contenu dans nos chromosomes. La génomique est l’ensemble des technologies qui analysent nos gènes ; la transcriptomique est l’analyse des gènes actifs ; la protéomique, l’analyse globale de l’ensemble des protéines.

Presque 99,8 % de l’ADN humain est identique pour l’ensemble de l’espèce humaine et notre ADN ne diffère de celui du singe que de 2 % ; et pourtant… les différences sont très visibles ! De même ce 0,2 % d’écart entre chaque être humain fait que nous sommes tous différents, tous uniques, sauf pour les jumeaux monozygotes (les vrais jumeaux) qui ont exactement le même ADN. Il n’y a pas si longtemps on pensait que tout résidait dans nos gènes ! Nous avions hérités de nos parents des gènes que l’on a mélangé comme on le fait pour un jeu de cartes et le résultat de ce mélange donnait naissance à nos propres gènes qui nous faisaient, dans un certain sens, ressembler à nos parents ; mais qui nous donnaient aussi, par ce savant mélange, une personnalité unique. Et puis c’était tout, nos gènes étaient immuables pour toute la vie. En fait, ce n’est pas tout à fait exact ! Il est vrai que les codes que contiennent nos gènes et qui servent à fabriquer nos protéines sont tous inscrits une fois pour toute dans ces 23 paires de chromosomes, ces bibliothèques gardées dans le noyau de chaque cellule ; mais ce grand livre de la vie, lorsque nous le lisons, est soumis à notre interprétation exactement comme une symphonie écrite par Beethoven qui sera interprétée de façon magistrale ou médiocre selon le chef d’orchestre ou les musiciens.

Nous avons environ 20 000 à 30 000 gènes, dont très peu sont « codants », c’est-à-dire qu’ils possèdent les codes de fabrication. Certains sont actifs 24 heures sur 24, ce sont ceux qui gèrent les protéines essentielles à la vie : le cœur, le cerveau, les reins. La plupart sont inactifs, on dit réprimés, et ne sont activés, on dit exprimés, que lorsque le besoin s’en fait sentir. Mais qui décide de l’activation de tel ou tel gène et comment cela se passe-t-il ? Contrairement à l’idée répandue selon laquelle nous sommes programmés par notre code génétique, les scientifiques ont montré que celui-ci est, en réalité, un stock de données qui peuvent être activées ou non, selon nos conditions de vie. Ainsi, savez-vous que nous parlons tous les jours à nos gènes et que nos gènes sont très influencés par ce que nous leur disons, et vont agir en conséquence ! De nombreux chercheurs constatent aujourd’hui que nos actions,  nos expériences, nos émotions, façonnent l’expression de nos gènes en permanence. En fait notre « destin biologique » est déterminé à seulement 30 % par nos gènes, et à 70 % par notre environnement ; cette réalité a donné naissance à une nouvelle spécialité qu’on appelle « épigénétique » ce qui, littéralement, veut dire « au-dessus » de la génétique. Un gène peut donc être activé ou désactivé et la mise en œuvre de l’instruction qu’il porte se déclenche seulement s’il en reçoit l’ordre et si on lui fournit l’énergie nécessaire.

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